de l'eau et des crises

Publié le par Dvd

J’avais dans l’idée de relater l’une des crispations les plus exaspérantes de tous les stambouliotes, et bien entendu, comme souvent, crispation liée à l’eau. Bienfait et maudition s’il en faut dans cette immense ville !

Qui n’a pas connu, habitant ou touriste, cette énorme rage qui remonte du tréfond de nos entrailles quand on sent tout d’un coup, sous notre pied, le mouvement suspect d’un pavé suivi du bruit sirupeux d’une aspiration (tel le baiser baveux d’une limace si seulement elles en étaient capables), suivi immancablement d’une vilaine giclée de boue qui vient colorer le bas de notre pantalon et la totalité de l’infortunée chaussure qui a eu le malheur de se poser là où il ne fallait pas!??

 

Mais en entamant le livre d’Elif Shafak, la Bâtarde d’Istanbul, j’ai décidé de m’incliner devant sa verve et de lui laisser la parole. En voici donc un extrait choisi, qui j’espère, vous donnera envie de vous précipiter chez votre libraire préféré pour vous plonger sans tarder dans la lecture de cette histoire. C’est croustillant, acide, tendre.

 

“Qu’importe ce qui tombe du ciel, jamais nous ne devons le maudire. Pas même la pluie [...] véritable torture dans cette partie du monde. Ailleurs, elle était sans doute considéré comme une aubaine pour les cultures, la faune et la flore, et – si l’on s’autorise une touche de romantisme – pour les amoureux. Mais pas à İstanbul. Pour nous, la pluie ne signifie pas tant finir trempé ou sale, que finir par fulminer de rage. Elle signifie plus de boue, plus de chaos, plus de fureur que d’ordinaire. Résister davantage. Elle est toujours synonyme de lutte [...] Elle posa le pied sur un autre pavé descellé. La vase quı stagnait dessous l’éclaboussa et moucheta sa jupe lavande de taches sombres. Zeliha lâcha un chapelet de jurons. Consciente d’être la seule femme de sa famille, et l’une des rares Turques, à user d’un langage si grossier avec une telle véhémence, chaque fois qu’elle se mettait à jurer, elle le faisait copieusement, comme pour compenser la retenue des autres. Pressant le pas, Zeliha pesta contre la municipalité, passée et présente. Depuis son enfance, elle n’avait jamais vécu un jour de pluie sans pavés descellés.”

 

S’en suit une petite histoire croustillante et tellement vraie (!) à propos d’un chauffeur de taksi et de sa “gentille” attention de vouloir l’emmener pour lui éviter d’être trempée... à vous de juger.

 

Si vous avez vécu à İstanbul, si vous y avez séjourné ou si plus simplement, si vous y résidez, bref, si vous aimez İstanbul, vous prendrez plaisir à suivre les péripéties des personnages tellement attachants de l’auteur.

 

Bonne lecture

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C
<br /> Tous vos articles sont excellents. Félicitations d'une amoureuse d'Istanbul.<br /> Quant au livre,je l'ai dévoré ... et l'ai même relu récemment.<br /> <br /> <br />
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N
Moi aussi, j'ai lu ce livre avec délectation et y ai consacré un article.
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N
J'ai lu et aimé ce livre tout comme votre blog que je viens de découvrir !
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